Peut-on chanter Katy Perry dans l’église ? [par Jeremie]

Il y a quelques temps nous avons publié avec Heroic Nation un cover de la chanson « Unconditionally » de Katy Perry. Nous avons traduit la chanson, nous l’avons adaptée, nous l’avons un peu réarrangée puis nous nous sommes filmés en l’interprétant. Et hop sur Youtube !


Ces questions très légitimes sont alors apparues sur les réseaux sociaux :

Pourquoi reprendre un morceau non chrétien ? Ne sommes-nous pas capable en tant que chrétien de composer des chants ? En plus Katy Perry, pourquoi elle ? En tachant de répondre à ces questions, permettez-moi surtout de vous communiquez quelques clés et d’élargir le propos à l’histoire de certains de nos chants de louange.

En résumé, il s’agit pour nous de reprendre à l’ennemi ce qu’il a pu voler à l’Église. D’aller sur son propre terrain et de re-diriger vers Dieu ce qui doit l’être. Tout un symbole.
Dans un premier temps, pour parler spécifiquement du morceau, si vous parlez anglais, vous aurez remarqués que lorsque nous avons traduit les paroles avec Lydie, nous les avons adaptées. Elles étaient à la base déjà réellement orientées ce qui nous a aussi poussés à choisir ce morceau. La plus grande adaptation concerne la direction vers laquelle s’adressent ces paroles puisque du “je” nous sommes passés au “tu”. Ainsi “Je t’aimerai inconditionnellement” est devenu “Ton amour est inconditionnel”. Dans ce soucis de re-diriger ce chant vers Dieu, nous avons changé le positionnement de la personne qui chante pour qu’il soit encore plus adapté à la louange vers notre Dieu. Donc en aucun cas il ne s’agit pour nous de manifester de l’admiration pour Katy Perry mais bien d’utiliser pour Dieu ce qui en a été détourné.
Mais de manière plus globale et pour élargir le propos, le fait est qu’en reprenant Katy Perry (par exemple), nous nous inscrivons dans une tradition et nous sommes loin d’innover sur ce sujet.

Accrochez-vous à vos chaussettes, on remonte l’Histoire.

En effet nous sommes issus du milieu évangélique des Assemblées de Dieu (ADD) et nous avons grandi en chantant sur le recueil “DPS” (DPS pour « Dans la Présence du Seigneur » que vous devez peut être connaître). Or une bonne partie des (vieux) morceaux de ce recueil sont à la base des mélodies populaires françaises ou internationales qui ont été reprises et les paroles changées (“Étoile des neiges”, etc.). Remontons encore un peu plus dans le temps. On pourrait citer Brahms qui détourna une mère de 6 enfants, la femme de son ami Robert Schumann, entretenant une relation adultère avec elle presque toute sa vie et qui fut l’auteur d’une berceuse mondialement connue « Lullaby », dont les auteurs du recueil « Les Ailes de la Foi » ont fait l’un des plus merveilleux de nos hymnes : « Agneau de Dieu, messager de la Grâce ». Les fameux YMCA (non non pas les Village People, les YMCA originaux avec Ruben Saillens à leur tête), jouaient ces morceaux dans la rue pour apporter le message de la croix aux passants avec des références musicales qu’ils reconnaissaient.

Nous pourrions citer aussi les auteurs du recueil « Choeurs et Cantiques » qui n’ont cessés d’insérer des musiques jouées dans les bals populaires d’avant et d’après-guerre. Ce principe d’utiliser les mélodies profanes populaires est constant dès qu’il s’agit de toucher les masses. C’est aussi une manière efficace de parler à ses contemporains.
Mais remontons encore plus loin dans le temps. Le Psaume 22 par exemple commence par ces mots : Au chef des chantres. Sur “Biche de l’aurore”. Cela signifie que David lui-même utilisait des mélodies populaires de son temps (ici “Biche de l’aurore“) pour en faire des chants d’adoration. De-même pour le Psaume 9  (sur ”Meurs pour le fils”) ou le Psaume 56  (sur ”Colombes des Térébinthe lointaines”), etc. En tant que chrétien, il s’agit pour nous de parler de notre foi et de nos valeur à notre génération et le fait d’utiliser des références connues de tous est un moyen efficace de transmettre notre foi et nos valeurs. Rien ne nous empêche de composer autour d’une reprise, notre univers musical et poétique propre. Et que rien ne vienne enlever le message que Dieu a déposé au fond de notre cœur.
Pour pousser encore plus loin la réflexion, concernant l’artiste Katy Perry personnellement, aux derniers Grammy Awards (les oscars de la musique aux US) elle a interprété son morceau “By the Grace of God” (Par la grâce de Dieu). Morceau qui ne contient pas uniquement des paroles de foi mais le titre est là. Dans sa folie, Katy Perry manifeste de grosses réminiscences de son passé. L’influence demeure. Elle est fille de chrétien, voire même de pasteur (à vérifier) et a grandit dans les églises. Alors c’est d’autant plus important pour nous de reprendre à l’ennemi ce qu’il a volé à l’Église.

Merci à Serge Santander pour certaines références Hymnologiques.

Jeremie

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