Leader de louange : vous êtes plutôt Muse ou Coldplay ? [par Jeremie]

« Nous sommes là pour servir, pas pour se servir ». S’il y a bien un principe clé pour tout musicien ou leader de louange, c’est celui-ci. Un principe que j’ai moi-même pu apprendre et découvrir au contact de Stéphane Quéry mais aussi en servant dans mon église locale.


Excellence musicale ou pas ?

Un des pièges dans lequel on peut tomber très rapidement lorsqu’on fait ou que l’on dirige un service de louange est la recherche unique de l’excellence musicale. Attention, l’excellence musicale est un atout essentiel. Mais ce n’est pas une fin en soi. Nous servons un grand Dieu, un Dieu glorieux et créateur de toutes choses.

Le service de louange ne doit pas être un service pris à la légère. Parfois, Dieu vient au secours de notre manque de préparation, mais ce n’est pas une attitude que l’on doit cultiver. De toute manière, bien préparé ou non, nous dépendons complètement de la présence de Dieu et de l’action de Son Esprit dans chacun des moments de louange, qu’importe la taille de l’auditoire.

Le fait de bien se préparer est le signe que nous prenons le talent qu’Il nous a confié avec sérieux. Que nous ne l’enterrons pas en nous contentant de ce que l’on a et de ce que l’on peut produire sur l’instant. Au contraire, on le cultive, on le travaille pour la seule gloire de notre Maître.

L’étude de la parabole des talents (Matthieu 25. 14-30) est très riche en enseignements sur le service de Dieu. Le Talent (ou « Mine » dans la version de Luc 19 12.27) fait certes référence à une monnaie, mais dans cette parabole, le terme talent peut très bien s’appliquer au sens qu’on entend aujourd’hui.

Je me rappelle très bien être assis au poste de batteur pour un service de louange un dimanche matin et littéralement pleurer de honte, comme repris, de la piètre qualité de ce que l’on avait destiné à notre Dieu ce jour-là. Pas parce que les musiciens n’étaient pas suffisamment compétents, simplement parce qu’aucun de nous qui étions sur l’estrade n’avions ce jour là pris conscience du fait que notre manque de préparation était avant tout un manque de sérieux devant notre Dieu.

Mais cette préparation en vue d’offrir une excellence musicale n’est pas l’objectif. C’est un moyen d’y parvenir. Elle permet toutefois de se libérer complètement des impératifs musicaux en faisant les choses plus naturellement, et donc d’être complètement attentif à la direction venant de Dieu. Car encore une fois, ce n’est pas par notre force que les cœurs sont touchés et s’élèvent vers Dieu. Dans notre service, nous ne sommes que des moteurs ou des launchers pour prendre un terme anglophone que je trouve très approprié.

Servir ou se servir ?

Pour illustrer mon propos, permettez-moi de prendre un exemple extrêmement pragmatique et dans le milieu musical séculier. Oui oui, pour illustrer mon propos sur la louange, vous avez bien lu, mais laissez-moi m’expliquer.

Il y a deux groupes musicaux anglais, contemporains l’un de l’autre, avec une notoriété relativement comparable, dans des styles musicaux que je qualifierais de cousins, et qui fournissent pourtant deux approches radicalement différentes voire opposées de la musique et du rôle de musicien. Ces approches peuvent de manière très pragmatique s’appliquer aussi à la façon d’appréhender notre service dans la louange en tant que musicien ou leader. Ces deux groupes sont Muse et Coldplay.

Dans le cas de Muse, on a affaire à 3 musiciens exceptionnels (avec un 4e en coulisse ou en fond de scène). Chacun sur leurs instruments (en incluant la voix du chanteur bien entendu) ont des niveaux techniques et des apports artistiques complètement hallucinants et chacune de leurs nouvelles chansons en témoigne davantage. Chaque morceau est objectivement une réussite musicale et chaque chanson est une occasion pour ces 3 artistes de briller. Par exemple, l’un de leurs plus gros Hit est la chanson Hysteria qui débute par un riff de basse complètement dingue, riff d’ailleurs sacré meilleur riff de basse de tous les temps par un très sérieux magazine musical international.

D’un autre côté de la scène musicale se trouve Coldplay. Le groupe cartonne, je connais tous leurs albums, tous leurs EP, et pourtant je suis incapable de statuer si les membres sont musicalement des monstres techniques ou des musiciens moyens qui fonctionnent bien ensemble. A l’inverse de Muse, les riffs de guitare sont simples (commerciaux certes, mais Muse est très commercial aussi), les rythmes de batteries sont à la portée d’un batteur de niveau moyen. Pourtant, comme Muse, ils ont un univers musical bien à eux et ils influencent énormément la musique moderne par leur créativité. Même la musique « chrétienne ». Il n’y a qu’à écouter l’arrangement musical de Touch the Sky, le dernier single de Hillsong United pour s’en convaincre (ou s’en émouvoir).

Coldplay est un groupe dont les musiciens savent simplement placer la bonne note au bon moment, sans en faire plus. Prenons par exemple leur titre phare « Viva la Vida » de l’album éponyme. Je suis touché par l’attitude du batteur. Pourquoi ? Comme chacun des titres de Colpday, chaque membre est crédité comme auteur/compositeur car chacun doit certainement prendre une part active au processus créatif. Pourtant en terme d’arrangements, le rôle du batteur sur ce morceau consiste uniquement à taper avec un maillet sur un gros tom sur chaque temps. Et rien d’autre. Bref un truc simple et sans doute barbant à jouer soir après soir. Et ce gars, lors de la sortie de l’album, a fait le tour des shows télé pour présenter ce titre au monde avec l’ensemble du groupe, en tapant uniquement sur son gros Tom (il n’avait même pas d’autres éléments de batterie).

En considérant cette approche, je me dis que cet homme est réellement au service d’un truc plus grand que son propre égo de musicien : sa musique. Et nous, en tant qu’adorateurs du Dieu créateur, ne sommes-nous pas au service de quelque chose de plus grand que notre propre égo de musicien ?

Avec Heroic Nation, je dis souvent que notre loyauté ne va pas à un style de musique mais au message que notre musique contient. A l’appel que Dieu nous a confié et au message qu’il nous a donné de communiquer. Peu importe le style de musique, car c’est simplement un moyen de rentrer en connexion avec son auditoire. Lorsque nous servons pour la louange, nous ne devons pas briller, ni attirer les regards sur nous. Car au-delà du fait que l’on passe à côté de l’objectif, on vole réellement à Dieu ce moment qui lui est destiné.

Nous ne devons pas briller car nous ne sommes pas là pour briller. Nous ne cherchons pas à montrer notre technique à la Muse (si réussit soit l’aspect musical), mais simplement à placer notre petite note façon Coldplay pour servir une cause bien plus grande que notre petite personne.

 

Ce pourquoi j’aime aussi particulièrement ce terme de Launchers pour qualifier notre approche de la louange, c’est que dans le cas d’une navette spaciale mise en orbite, ces « lanceurs » (les grandes colonnes blanches que l’ont voit sur tous les lancements spaciaux) sont des bijoux de technologie et de puissance. Ils représentent des heures de préparation et de travail. Ils sont essentiels pour que la navette quitte l’atmosphère terrestre. Mais vous savez ce qui est génial ? Une fois la fusée en orbite, il se détachent définitivement et laissent la fusée libre en orbite. Leur travail est terminé.

Jeremie

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